Ô – O

Comptant parmi les quatre éléments matériels retenus indispensables à la compréhension de notre monde et à la survie de notre espèce, l’eau abreuve depuis des temps ancestraux l’imaginaire collectif de son essence onirique.

L’eau a toujours répondu aux besoins de notre imagination tant sa force de suggestion a su se faire l’écho de nos questions existentielles et de nos peurs. En la dotant d’une symbolique riche et complexe, l’homme l’a naturellement impliquée dans les processus visant à métaphoriser sa vision du monde et ses émotions.

Précieuse alliée de notre force imaginante, l’eau est un milieu dynamique qui se prête parfaitement à la contemplation et la rêverie. De par la multiplicité de ses formes, l’eau génère une pluralité d’images inspirantes qui épousent de façon harmonieuse les symboles de la vie humaine intime. Les œuvres présentées commémorent la diversité et la densité de ses incarnations.

 

L’eau, refuge de l’inconscient, reflet de nos émotions

 

L’eau est un intermédiaire privilégié, réputé pour être en contact avec les couches les plus profondes de notre inconscient. Insondable et insaisissable, elle métaphorise idéalement cette partie de nous-même qui échappe à la conscience.

 

 

L’opacité des eaux profondes renvoie aux mystérieux confins de notre psychisme. Ces eaux déploient sur leur surface réfléchissante des formes et des couleurs qui nous invitent à l’introspection.

On prête également à l’eau une connexion particulière avec la nature émotionnelle de l’être humain tant il lui semble aisé d’incarner le miroir de ses pensées et d’être l’écho sincère de ses émotions.

 

 

Les Grandes Eaux

Archétype par excellence de la Mère et du Féminin, la mer a hérité d’attributs maternisants. Son chant rassérénant, ses flots berçants, sa symbolique amniotique l’ont élevé au rang de la Mère des mères.

 

 

Par ailleurs, elle entretient une liaison immémoriale avec la mort. Associées à l’inconnu et à l’inconscient, les grandes eaux engendrent chez l’homme des images qui expriment ses angoisses existentielles.

 

 

Eaux riantes et eaux dormantes

L’eau inspire un mélange d’admiration et de crainte, suscite une sensation de pureté et de souillure. Dans l’Antiquité, on la divinisait lorsqu’elle tombait du ciel et on la diabolisait lorsqu’elle surgissait de terre.

Tandis que la gaieté bruyante des ruisseaux, des cascades et des fontaines célèbre l’existence d’une Nature riante et puérile, les eaux troubles et silencieuses cachent sous leur immobilité fallacieuse les racines du chaos originel.

 

Les eaux fluviales

Puisqu’elle évoque de par son mouvement de fuite l’impermanence des choses, l’eau fluviale est l’alliée des pensées qui interrogent notre propre fin. Le fleuve est la métaphore par excellence de l’écoulement du temps et celui de notre vie.

 

Le fleuve suggère l’existence d’un autre rivage et suppose une traversée, il incite l’homme au voyage. La rive à rejoindre est un au-delà inconnu. Pour regagner cette berge , l’homme peut emprunter la symbolique du pont ou l’onirisme de la barque. Quelque soit son choix, ces deux moyens le mèneront vers le même au-delà.

 

Les photographies de cette série dialoguent avec la vision philosophique et poétique de l’eau développée par Gaston Bachelard et contenue dans son ouvrage “ l’eau et ses rêves”.